LA LUMIÈRE AU BOUT DU TUNNEL

Par Micheline Leclerc

J’ai choisi de partager avec vous une tranche de ma vie afin de vous montrer que chaque épreuve qui nous arrive n’est pas nécessairement négative.

J’ai 23 ans, je me marie avec celui qui me paraît être le meilleur partenaire de vie. Nous voulons tous les deux avoir des enfants. Deux ans plus tard vient au monde une magnifique fille, Nancy.

Enfin, quelqu’un à aimer et cajoler. Elle est seule pendant trois ans. Elle nous apporte tant de joie, elle est en santé, jolie, ricaneuse, brillante, facile à aimer et à entourer. Voilà que trois ans plus tard, je mets au monde un garçon, Mathieu, lui aussi en pleine santé à la naissance.

Nous sommes comblés. Les premiers mois se passent assez bien quoique Mathieu se réveille très tôt le matin vers cinq heures et chaque fois ce sont des pleurs qui n’en finissent plus. J’ai essayé plein de choses pour le calmer: le baigner, le faire manger, le bercer et la seule chose qui a fonctionné, c’est la marche dans mon quartier.

Chaque matin, à cinq heures, j’habille Mathieu et pars pour une demi-heure environ. J’en parle au médecin, je me pose des questions, j’avais remarqué aussi qu’il ne répondait pas à son nom, peut-être est-il sourd?

Mais non, ce n’est pas le cas. Alors, pourquoi ses pleurs ne cessent-ils pas? Le pédiatre n’y voit rien; pour lui c’est un enfant tout à fait normal. Le temps passe et les choses s’accumulent, il ne joue pas normalement avec ses jouets, il fixe les lumières de prêt, il est passionné de voir l’eau couler dans les égouts, il est fasciné par les feuilles des arbres qui bougent, il aime se promener avec des branches et les faire bouger devant ses yeux faisant la même chose avec ses doigts, il se met les mains sur les oreilles.

Mais qu’est-ce qu’il a? C’est le vide total. Plus les années passent, pire c’est.

Mathieu refuse de manger quand l’anxiété monte, nous devons répondre tout de suite à ses demandes, sinon, il ne cesse de pleurer et, très souvent, il ne sait pas les exprimer et il faut les deviner. Il ne faut pas oublier Nancy dans tout cela mais elle est toujours la fille raisonnable.

Numéro 38